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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 11:21

Délectez-vous de cet article paru aujourd'hui dans le journal 'le pays'

RUMEURS MALSAINES SUR LES RESTAURATRICES : Il faut quitter dans ça !

Devinette : quel est le plus grand concurrent des organes de presse burkinabè ? Si vous me répondez "il paraît que c’est…", vous avez tous les points ! En effet, ce concurrent a plusieurs noms : "Radio cacan", "Dame rumeur", "On a dit que", "Ouaga la rumeur" "Affairage". "Il se murmure que" et bien d’autres formules caustiques que vous connaissez peut-être mieux que moi. Il y a des fois où, il faut le reconnaître, elles informent bien. Mais parfois, ce qui est peut-être plus récurrent, on les utilise à mauvais escient. Je m’intéresse plus particulièrement au secteur de la restauration où des restauratrices sont victimes de leurs effets dévastateurs.

En effet, une rumeur naît, grossit et circule que telle restauratrice, pour s’attirer de la clientèle, mélange sa nourriture de bouse de vache, de poudre de crâne d’ancêtres d’Homo sapiens, de liquide de cervelle de fou (si quelqu’un fait ça un jour, il aura le puissant Rassemblement des fous du Faso sur le dos). Et il y a bien d’autres rumeurs de ce genre incroyablement horrifiantes. Les Burkinabè facilement crédules, croient vite en cette rumeur, voient en la pauvre restauratrice un démon sorti de l’enfer et désertent son commerce qui s’écroule. Hé ! "Il faut quitter dans ça !" On ne peut pas croire aussi facilement en des choses sans chercher à en vérifier la véracité.

C’est vrai que nous sommes en Afrique et que les gens recourent facilement à des forces mystiques pour régler leur problème, par exemple sacrifier un mouton ou endeuiller un poulailler. Mais, de là à mélanger de la douche de fantôme à un repas, il y a une grosse fosse. Et puis, Etat, où es-tu ? Tu ne sais pas que c’est ta crédibilité qui est en jeu ? Parce que si tes services d’hygiène disent par exemple que telle restauratrice est excellente et vont jusqu’à lui délivrer un certificat de salubrité, c’est ta responsabilité qui est engagée quand on accuse ladite restauratrice de se livrer à des pratiques peu appétissantes. Tu dois donc te démener pour mener des enquêtes afin d’infirmer ou confirmer les rumeurs qui courent sur ces restauratrices.

En tout cas, Etat, réveille-toi et montre que c’est toi qui décide de qui doit être considéré comme restauratrice exemplaire ou pas. On ne peut pas laisser la bouche des gens gâter le "mangement" des autres aussi facilement. Quand une restauratrice tombe, c’est le taux de chômage qui augmente et de nombreuses personnes sont privées de leur pain quotidien. C’est aussi le volume des impôts et des taxes, donc des recettes pour le budget national, qui se dégonfle. Bref, il y a perte sur toute la ligne. "Il faut quitter dans ça !" Je n’en ai pas fini. Je veux m’adresser aux aigris et aigries qui s’érigent en usines de fabrication de fausses nouvelles, juste par jalousie et pour nuire à leur prochain. Par exemple, madame restauratrice X vend bien parce qu’elle est propre, traite ses clients avec respect et convivialité, sa nourriture est appétissante.

A côté, madame restauratrice Y a des problèmes pour écouler ses montagnes de riz et de benga parce que son restaurant qui ne paye pas de mine, est envahi par des régiments de mouches. Ses plats conjuguent au pluriel le verbe salir et elle-même se montre acariâtre envers ses clients comme un lait caillé délayé dans du jus de tamarin vieux de quinze jours. Madame Y n’est pas contente du succès de X. Alors, elle invente une rocambolesque histoire comme étant à l’origine de la réussite de sa concurrente. Tout cela parce qu’elle "a vu X ici, elle n’était rien" et qu’elle ne peut donc pas venir la "dépasser comme ça". Ou tout simplement parce que cette réussite "n’est pas claire". Mais dites-moi, pourquoi faut-il que nous voyions chaque fois dans le succès d’autrui la main du diable ?

Il y a Dieu aussi et il y a l’investissement, les sacrifices et efforts de la personne elle-même ! C’est tout ça qui va nous "tuer" dans le pays-là ! Je vous assure que ce n’est pas seulement dans la restauration qu’on trouve cette mentalité. Ils sont partout et nombreux, ces Burkinabè qui sont aigris devant la réussite de leurs prochains et font tout pour les pousser dans le même trou où ils nagent et refusent d’en sortir. La réussite n’est pas réservée à une catégorie de personnes. Tout le monde peut avoir du succès. Il suffit d’avoir l’endurance et de supporter les sacrifices nécessaires pour cela. Il n’y a aucun salut à passer des nuits blanches à réfléchir à comment nuire à son concurrent. S’il vous plaît, et encore une énième fois, "quittons dans ça !" Bon appétit à ceux qui sont à table !

Le Fou

 

 

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